mercredi 7 août 2013

22/11/63 (Stephen King)



2011. Jake Epping, jeune professeur au lycée de Lisbon Falls dans le Maine, se voit investi d’une étrange mission par son ami Al, patron du diner local, atteint d’un cancer. Une « fissure dans le temps» au fond de son restaurant permet de se transporter en 1958 et Al cherche depuis à trouver un moyen d’empêcher l’assassinat de Kennedy. Sur le point de mourir, il demande à Jake de reprendre le flambeau. Et Jake va se trouver plongé dans les années 60, celles d’Elvis, de JFK, des grosses cylindrées, d’un solitaire un peu dérangé nommé Lee Harvey Oswald, et d’une jolie bibliothécaire qui va devenir l’amour de sa vie. Il va aussi découvrir qu’altérer l’Histoire peut avoir de lourdes conséquences...

Et si vous pouviez changer le passé ? Et si tout était lié ? Et si l’effet papillon existait bel et bien ?

Voilà quelques unes des questions que pose le dernier roman de Stephen King. 

Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu du S. King. Il a bercé mon adolescence, et les scènes que je me suis imaginées lors de la lecture de  La peau sur les os  hantent encore parfois mes nuits. Sans parler de certaines adaptations cinématographiques telles que Shinning...

Une amie me parle de 22/11/63, « un livre qui marque selon elle ».  D’accord. Je l’achète. Premier constat, il est épais, très épais même. Plus de 900 pages. 

Je n’ai pas d’a priori en commençant ma lecture. Je ne suis pas influencée par ses derniers romans que je n’ai pas lus. Allons-y, et passons outre le nombre de pages. 

Le voyage dans le temps a largement inspiré la littérature, même Shakespeare y faisait allusion dans La Tempête, ou plus « récemment » (19 è siècle quand même !), H. G. Wells avec La machine à explorer le temps, qui reste une référence du genre.

Ici, pas de machine à remonter le temps ou de magiciens pour vous projeter dans un autre espace-temps, non, juste trois marches. Trois petites marches qui vous ramènent toujours à la même époque et au même endroit.

A ce voyage dans le temps, S. King ajoute un but, l’uchronie - modifier un événement du passé pour modifier l’Histoire ensuite-, non sans oublier de s’interroger au passage sur les conséquences, le fameux effet papillon. Mais attention, ce n’est pas aussi simple, le passé ne veut pas être changé.

Le narrateur est donc entraîné par son copain Al dans cette aventure, Al ne pouvant accomplir le destin qu’il s’est fixé à cause d’un cancer qui le ronge. Il faut sauver le président Kennedy pour, n’ayons pas peur des mots, sauver l’humanité. Jack accepte, mais pas pour Kennedy. Il accepte pour un de ses élèves, Harry.

Dans un premier temps, je dois avouer qu'en mon fort intérieur, je me suis insurgée contre cette pensée qui consiste à dire, pour reprendre une image soufflée par quelqu'un de proche, que lorsque les Etats-Unis éternuent, le monde entier s'enrhume. Évidemment cela devait concerner Kennedy, on ne pouvait pas imaginer faire aboutir la tentative d'assassinat contre Hitler par exemple, ce qui aurait sauvé la vie de millions de personnes, l'effet papillon.

Mais S. King est américain, et c'est avec sa sensibilité américaine qu'il pose les fondations de son livre.

Son vécu, son ressenti lui permet d'ailleurs de revisiter non seulement l’Histoire américaine - avec un "H" majuscule- sur laquelle il s’est beaucoup documenté, mais aussi l'histoire américaine -la petite histoire- dont il a lui même été témoin. Il nous dépeint une Amérique des années 50-60 émouvante avec son Lindy-Hop et sa racinette, mais aussi cruelle, avec ses relents de discrimination raciale (je pense notamment à la planche qui sert de toilettes aux noirs) et son lot de violences. On s’attache à sa galerie de personnages, « Deke », Mick, Bobbie, et bien sûr Sadie et Jack, on ressent ce que ressent le narrateur face à Jodie, Derry ou Dallas. S. King nous plonge avec le talent d’un véritable conteur dans cette Amérique révolue. 

Mais tant de pages, était-ce nécessaire ? A mes yeux non. J’ai parfois eu du mal à résister à la tension de sauter certains passages qui traînaient en longueur, j’ai même songé à mettre cette lecture en pause, le temps d’un autre roman, mais, et là se trouve le paradoxe, je n’en ai pas été capable. J’avais en quelque sorte remonté le temps moi-aussi.

11 commentaires:

  1. Ce KING est mon préféré j'ai adoré sa façon de traiter le voyage dans le temps ! Je me suis fortement attachée au personnage !

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    1. Je comprends tout à fait que tu aies aimé ce King, j'ai eu l'impression d'être un peu passée à côté lors de ma lecture. Peut-être que ce n'était pas le bon moment pour en profiter pleinement. Mais au moins, il a eu le mérite de me redonner envie de lire ses derniers, alors que je l'avais un peu oublié...Et il fait lui reconnaître un sacré travail de recherche, et une écriture très agréable!

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  2. Je suis d'accord avec toi concernant l'agacement qu'on ressent parfois en lisant certaines histoires américaines et que "lorsque les Etats-Unis éternuent, le monde entier s'enrhume"...
    Il est vrai que, de notre côté européen, nous aurions plutôt zigouillé Hitler. Mais ne ferions-nous alors pas la même chose qu'eux ? ^^

    Concernant ce roman, il a rejoint ma PAL très récemment et j'espère qu'il me plaira... Ton avis semble assez mitigé, donc pourvu que les longueurs ne me lassent pas ! (900 pages et des longueurs, ça commence mal ^^")

    En tous cas, j'aime ta façon de construire tes chroniques et je te suivrai désormais un peu plus encore ;)
    A bientôt sur la blogo !
    Awa.

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    1. Comme je le disais à Grazou, j'ai l'impression que je ne l'ai pas lu au bon moment, et que je suis passée à côté de certaines choses. Je suis mitigée, mais n'ai pas pu le lâcher, ce qui est déjà un bon signe!
      Tu as raison pour le ressenti américain, c'est un sentiment que j'ai eu, mais je comprends tout à fait le pourquoi. Et c'est un ouvrage assez intimiste finalement...Ceci expliquant cela...

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  3. Le pavé que c'est me rebute un peu...

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    1. Je comprends tout à fait; C'est pourquoi je disais que ce n'était peut-être pas le bon moment, il faut les avaler les 900 pages, qui sont denses en plus. Ça a d'ailleurs été un outil marketing pour ce livre.

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  4. 900 pages, ça fait beaucoup... je ne commencerai pas par celui-là, pour découvrir l'auteur. Car oui, je n'ai lu, pour l'instant, aucun livre de lui ! ^^

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    1. Effectivement, ce n'est peut-être pas l'idéal pour commencer dans S. King. Ça dépend beaucoup ce que tu attends de lui pour choisir un de ses livres: tu veux frissonner de peur? voyager dans le temps? ... Il a écrit tellement d'ouvrages différents que ce peut être difficile de savoir par quoi commencer!

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  5. J'ai tentée plusieurs fois de lire du Stephen King, mais je n'ai jamais accrochée :(. Dommage, c'est pourtant une référence !

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  6. Je l'ai beaucoup lu étant ado, je recherchais les sensations fortes! Mais il évolue il semblerait. Je comprends qu'on accroche pas, Ces ouvrages ont des univers très particuliers.

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  7. Je le voyais souvent en librairie mais il ne me disait rien, alors que j'ai lu pas mal de King. Avec ta chronique, j'ai un peu plus envie :) bon, d'abord, je termine Docteur Sleep ;)

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