jeudi 10 novembre 2016

La vie selon Juan Salvador, palmipède d'Uruguay, Tom Michell,

Les plus belles histoires sont celles qui transforment votre vie pour toujours.

Tom Michell a vingt ans lorsqu’il quitte son Angleterre natale pour aller enseigner l’anglais en Argentine, des rêves de Che Guevara et de périples en mobylette plein la tête. Lors d’un court séjour en Uruguay, un accident pétrolier cause la mort de milliers de manchots. Sur la plage, alors qu’il contemple ce carnage, Tom remarque que l’un des animaux est toujours vivant. Il vient à son secours, le nettoie et le nourrit, lui sauvant ainsi la vie. Mais quand Tom le ramène à la mer pour le relâcher, le manchot refuse de le quitter. À plusieurs reprises, il ressort de l’eau et va même jusqu’à traverser la route pour rejoindre Tom. Qu’à cela ne tienne, ce dernier décide de l’emmener avec lui en Argentine. Terminée, la bohème cheveux au vent : commence alors une drôle de vie pour les deux nouveaux colocataires, mais l’espiègle manchot, désormais baptisé Juan Salvador, devient la mascotte de tout le campus. Personne ne résiste aux charmes de cet être hors pair qui finit par transformer l'existence de tous ceux qui croisent son chemin.

Parfois, il suffit de peu de choses pour marquer une vie, une décision prise à un moment « T », une rencontre au détour d'une rue, un sauvetage sur une plage...

Tom en fait l'expérience quand sa route croise celle d'un curieux animal, un pingouin englué dans une masse de pétrole et seul survivant d'un banc déjà mort étouffé. Tom aurait pu passer son chemin, faire comme s'il n'avait pas croisé le regard de l'animal, mais ces yeux... ces yeux l'ont fait commettre l'impensable : repartir avec le pingouin sous le bras et tenter de le sauver.

Je ne savais pas comment classer ce roman avant d'entamer sa lecture. Il avait des accents de Kourkov et de son pingouin ou encore de Sepúlveda et de son histoire de Chat et de Mouette. J'avais adoré les deux, j'adore l'Amérique Latine, il ne m'en fallait pas plus pour me lancer dans l'aventure.

Finalement, ce récit ne ressemble ni au pingouin de Kourkov, ni à la mouette de Sepulveda. C'est le récit d'une rencontre, avec pour toile de fond l'histoire mouvementée de l'Argentine dans les années 60-70. J'ai évidemment eu beaucoup de sympathie pour Juan Salvador, une certaine tendresse même, et la recherche, les explications de l'auteur sur les pingouins donnent un vrai réalisme à cette histoire. Au fil des pages, Juan Salvador devient un pilier du College où enseigne Tom : oreille attentive, être reposant, il amène les uns et les autres à communiquer et à se révéler. Se crée autour de lui une véritable communauté empreinte de solidarité dans le chaos de l'Argentine, une bulle de paix dans le tumulte de l'histoire. L'auteur par les pérégrinations du héros nous dresse un portrait de l'Argentine à l'époque : l'inflation, les pénuries, la langue et les langues parlées, la rudesse de l'environnement, sa beauté aussi, la photographie est fidèle. Je regrette juste que ces instantanés n'aient pas toujours été mis en relation direct avec le pingouin, que celui-ci ait été un peu trop absent du récit par moment, qu'il n'ait pas été un acteur dans cette Histoire en évolution, mais là est la frontière fiction et réalité, et c'est sans doute mieux ainsi.


8 commentaires:

  1. Réponses
    1. Il est très sympa et permet de découvrir une période sombre de l'Argentine.

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  2. Encore une découverte qui sort de l'ordinaire, et j'aime ça ! Je sais qu'avec toi, je fais toujours de belles et étonnantes rencontres :)

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  3. Contente que tu ais trouvé une nouvelle histoire aussi poignante

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  4. Pendant une ou deux seconde, j'ai cru que mes yeux embrumés de fatigue avaient mal lu... Mais non, il s'agit bien d'une histoire de pingouin! Voilà qui est insolite! ;)

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