vendredi 30 décembre 2016

Toujours Maudit, David Safier

Daisy et Marc ont accumulé beaucoup trop de mauvais karma... Ils sont donc réincarnés en fourmis ! Mais, s'ils veulent empêcher à tout prix le mariage qui se profile entre le meilleur ami de Daisy et l'ex-femme de Marc, ils vont devoir gravir le plus vite possible les échelons de la réincarnation afin de retrouver leur forme humaine... Pas une mince affaire quand on a d'aussi mauvais caractères !

Vous savez ce que l'on dit, c'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes... Ou alors est-ce « C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures » ? Ou « C'est dans les vieilles casseroles qu'on fait les meilleurs ragouts »? Il est vrai que la confiture peut être meilleure que la soupe -c'est sucré, j'ai un vilain penchant pour le sucré-, mais vu le temps hivernal aujourd'hui, une bonne soupe me conviendrait tout à fait...

Oups, je crois que je m'égare.

Reprenons donc : c'est dans les vieilles marmites, ou dans les vieux pots... Enfin bref, c'est en utilisant quelque chose qui a fait ses preuves qu'on obtient les meilleurs résultats. Et moi, je fais partie de ces lectrices qui, parfois, n'ont pas envie d'être surprises mais préfèrent s'engager sur un terrain fiable et confortable (ce qui ne veut pas dire ennuyeux) pour passer avec certitude un bon moment.

C'est exactement pour cela que je me suis plongée dans Toujours maudit ! de David Safier.
J'avais adoré Maudit Karma et son ton complètement déjanté et j'espérais bien renouveler l'expérience avec Toujours Maudit.

On reprend les ingrédients qui ont fait la réussite du tome 1 : des personnages aussi exaspérants qu'attachants parce que qu'ils sont profondément humains (même si leur humanité a quelques ratés), une plume très juste qui dégouline d'humour, des situations abracadabrantes, des dialogues diablement efficaces et jubilatoires, une fin qui ne déçoit pas et qui accompagne une douce morale sur la vie en général. Et puis évidemment, cette histoire de Karma, parce que c'est important le karma, on ne s'en rend pas compte... Trop de mauvais karma peut conduire à des situations déplaisantes telles qu'une réincarnation en fourmi. Je vous vois glousser en vous disant qu'il y a pire (c'est vrai que si on pense à certaines bactéries ou même à des acariens vus au microscope, il y a pire), mais essayez de marcher avec six pattes pour voir... Et si vous avez encore un doute, demandez-donc à Daisy, notre héroïne, ce qu'elle en pense... Pas si facile, hein ?

Ouille, je m'égare encore.


Toujours est-il que cette histoire de karma, ça peut faire un sacré bon bouquin. D'accord, ce n'est pas très original, certains diront même que c'est un peu un copier-coller (avec des variantes tout de même) de Maudit Karma, mais vous savez quoi, moi je m'en moque. Parce que, c'est comme le chocolat, quand c'est bon, j'en redemande, et quand il n'y en a plus, je pleure. Alors, je me suis délectée de cette petite lecture qui m'a fait terminer l'année 2016 en beauté, et c'est l'essentiel.


samedi 24 décembre 2016

Saga Snow Crystal, Sarah Morgan


La danse hésitante des flocons de neige,

Noël. Kayla Green redoute cette date et, comme chaque année, elle prévoit de s’enfermer dans son bureau de Manhattan avec une surdose de travail. Mais un gros budget de relations publiques l’envoie en fait dans le Vermont : celui de Snow Crystal, apporté par Jackson O’Neil, qui dirige un groupe de stations de sports d’hiver de luxe. Pour Kayla, ce petit miracle de Noël ne va pas sans inconvénients : primo, la neige, le ski, les snow-boots, tituber sur la glace en talons hauts…, ce n’est vraiment pas son idéal ; secundo, Jackson O’Neil a une famille, une de ces familles aussi unies que les mailles d’un tricot bien serré qui rappellent douloureusement à Kayla qu’elle a toujours dû se débrouiller seule. Mais il y a pire encore pour elle que Noël, la famille et autres calamités : c’est Jackson. Jackson, qui a tous les atouts en main pour faire fondre le cœur de glace qu’elle s’est si difficilement façonné…

L'exquise clarté d'un rayon de lune

Ca-tas-tro-phi-que. Voilà qui caractérise parfaitement bien l’été qui s’annonce pour Elise Philippe, chef de cuisine surdouée. L’ouverture à Snow Crystal du café qu’elle doit diriger – son bébé, le projet de sa vie – ne cesse d’être repoussée à cause d’une succession d’incidents rocambolesques. Comme si le destin complotait pour lui pourrir la vie ! Heureusement, telle la meringue sur la tarte au citron, voilà que Sean O’Neil rentre au domaine. Le beau, le charismatique et troublant Sean… dans les bras duquel elle a passé la plus belle des nuits, l’été dernier. Oui, là, tout de suite, Sean pourrait être une distraction bienvenue et très, très sympathique. Une distraction de quelques heures, sans attaches ni lendemain. Après tout, ce n’est pas comme si elle risquait de tomber amoureuse, non ?

La douce caresse d'un vent d'hiver,

Brenna devrait se réjouir : la station de ski affiche complet, et la voilà obligée de libérer son chalet et d’emménager chez son meilleur ami, l’ex-champion olympique de ski, Tyler O’Neil, dont elle est amoureuse depuis… depuis toujours, en fait. Mais cette situation est loin d’être idéale. C’est même une véritable torture : comment pourrait-elle rester de marbre tandis que cet homme sur lequel elle fantasme depuis des années dort dans la chambre juste à côté de la sienne ? Car, elle le sait très bien, elle n’a rien à espérer : Tyler ne la considère que comme une amie, voire, pire, comme une sœur…

Tous les ans, une once de nostalgie m'étreint lors de fêtes de fin d'année. Rien d'étrange, mais ce qui l'est davantage, ce sont les manifestations de ce vide laissé par l'absence des êtres aimés. Cette année, il s'incarne dans le manque de la montagne. 

Le cerveau est décidément une machine bien mystérieuse, penser à mes parents fait flotter une tristesse coutumière avec laquelle je cohabite sans trop de problèmes depuis cinq longues années, mais ces derniers jours, évoquer la montagne, me bloque littéralement la respiration et pourrait me faire verser des larmes auxquelles je ne suis pas habituée.

J'ai eu la chance d'avoir des parents qui ont pu nous offrir tous les ans, des vacances dans les Alpes. Quand on est enfant, on ne prend jamais la pleine mesure de ce que cela représente. J'aimais chausser les skis, dévaler les pistes, les noires ne me faisaient pas peur, téléski et télésiège étaient une formalité, le chemin escarpé qu'il fallait suivre pour arriver à cette chapelle agrippée au flanc de la montagne m'attirait comme un aimant, la fonte des neige et les premier brins d'herbes annonciateurs du printemps me fascinaient.

Je me sentais dans mon élément, comme si je pouvais enfin goûter à un sentiment de liberté que je ne ressentais jamais autrement, même si la présence de mes parents l'entravait.

A cette époque-là, je n'avais pas compris que j'appartenais à cette catégorie de personnes qui vivent la montagne. Que j'appartiens, au présent. Certains ressentent la mer, ont un lien particulier avec l'eau, pour moi, c'est la montagne. J'en suis amoureuse. Je n'aurais qu'une envie : emmener Doux Chéri et toute ma famille animale dans un chalet perdu dans les alpages. Ma vie ne me permet pas malheureusement d'y retourner, ne serait-ce que pour quelques jours, et parfois, comme en ce moment, le manque exacerbé par l'absence hurle dans mes entrailles. 

Nostalgie, tristesse... Elles me vrillent le cœur.

Mais il existe un pansement efficace pour moi, l'un des meilleurs, le seul finalement pour lequel je suis sûre de son efficacité, celui qui recouvre mes plaies et les referme doucement : la littérature.

Dans ces cas-là, il faut être lucide sur son état et analyser ce qui nous fendille l'âme pour trouver le pansement idéal. Pour moi, c'était très simple, pas besoin de payer une consultation chez un psy. Le remède était donc tout aussi simple : montagne saupoudrée de romance. Pas de drames, non, surtout pas, mais une romance qui me bercerait et réanimerait mon petit cœur endolori par les épreuves de la vie.

Et je ne me suis pas trompée.

Tous les éléments sont réunis dans cette saga familiale que j'ai savourée comme un bon chocolat chaud, blottie sous ma couette ou sous un plaid épais, lovée sur le canapé et entourée de mon équipe féline : des personnages principaux attachants malmenés par la vie, une famille bigarrée aux fortes personnalités, de l'humour, de la tendresse, plein d'amour, du sexy pas vulgaire et des montagnes que l'on sent vibrer dans chaque mot, de la neige que l'on entend crisser sous nos pas.

J'ai adoré chacun des trois tomes, difficile d'ailleurs de dire quelle histoire j'ai préféré : Kayla et Jackson ? Elise et Sean ? Ou Brenna et Tyler ?

L'auteure a parfaitement su travailler ses personnages, personne n'est parfait, personne n'est lisse, tous ont au fond de leur cœur des fissures qu'ils essaient de combler, des obstacles qu'ils ont renoncé à franchir, et tous partagent ce même amour des montagnes.

On les retrouve au fil des tomes, chacun est partie intégrante de l'histoire des autres et est porteur d'un message d'espoir. L'amour se décline évidemment sous plusieurs formes, mais ce n'est pas la seule émotion qui palpite dans ces pages : l'amitié, les peurs, les interrogations sur qui on est, sur la famille, face à certaines situations de la vie, tout cela est parfaitement retranscrit.

Cerise sur le gâteau ou chantilly sur le chocolat (chaud bien sûr le chocolat !) : la plume de l'auteure. L'écriture n'entrait pas dans mes critères de choix du pansement idéal : il me fallait une belle histoire, des montagnes, mais je m'étais promise de ne pas être trop exigeante sur l'écriture. On ne peut pas tout avoir et parfois il faut être raisonnable. Quelle ne fut pas ma surprise de savourer une plume elle aussi très travaillée et qui évite les écueils de la mièvrerie ou de la facilité !

Maintenant, une autre forme de vague à l'âme a pris place dans mon petit cœur : celle d'avoir terminé cette saga. En refermant le dernier tome, j'ai refermé l'histoire de la famille O'Neil, tellement parfaite parce qu'elle est imparfaite, et j'ai dû laisser une nouvelle fois les sommets loin de moi. J'aurais bien aimé pouvoir prolonger le moment encore avec un quatrième tome...


Joyeuses fêtes de Noël à tous ! Profitez bien de tous ces doux moments avec vos proches et n'abusez pas du chocolat !

Je pense fort à vous,
Le livre-vie

dimanche 18 décembre 2016

Mon dernier continent, Midge Raymond

Ushuaia, la fin du monde, le début de tout.
Deb et Keller se retrouvent chaque année au coeur des eaux froides de l’Antarctique pour étudier les manchots empereurs et les Adélie. Dans ce bout du monde entouré de glaciers et d’icebergs, ils oublient pour un temps les chagrins de leurs vies. Mais l’Antarctique, comme leur amour, est fragile et menacé.
Une nouvelle saison commence. Au moment de lever l’ancre, Keller n’est pas à bord du Cormoran, le bateau qui doit les conduire à la station de recherche. Peu après, le Cormoran reçoit un signal de détresse d’un paquebot de croisière prisonnier des glaces…

Il y a des étendues sur notre belle planète que j'aimerais visiter avant qu'il ne soit trop tard. La Patagonie en est une, l'Everest aussi, mais sans l'option « touristes » si possible (et dans mes rêves aussi, j'ai le vertige ! ), l'Articque et l'Antarctique également.

L'un des gros avantages de la lecture est qu'elle rend possible ce que la vie nous refuse, et j'ai donc embarqué auprès de Keller et de Deb vers le sud Austral.

Le vent cinglant a soufflé, la glace a crissé sous mes pieds, les icebergs se sont décrochés, j'ai vécu une expérience hors normes avec un pingouin, j'ai découvert les couples de glace qui vibrent au son de la passion qui les unit, cette même passion dévorante qui les pousse à revenir, année après année, vers cette terre hostile.

Et j'ai tremblé.

Dès les premières pages, la catastrophe est annoncée.

J'ai tremblé parce que je ne voulais pas que cela se produise, que la bêtise des gens, de L'autralis, ce navire touristique pas du tout conçu pour affronter la glace, conduise à ce désastre.

Je savais et pourtant rien n'y a fait. Certains chapitres ont remonté le temps, d'autres m'ont ramenée au présent et je n'ai pas pu empêcher mon cœur de s'accélérer, ma gorge de se nouer.

Oui, je savais. Et parce que j'ai profondément aimé Deb et Keller, parce que j'ai vécu cette étendue de glace, j'ai compris cette âme d'une terre qui vous attire comme un aimant, qui accepte de danser avec vous et qui vous offre ce qu'elle a à vous offrir, quitte à faire payer son tribut ensuite.

C'est un récit extrêmement intelligent que nous livre Midge Raymond. Au-delà de la très belle histoire qui se tisse entre les protagonistes, d'une plume agréable, l'on découvre l'envers de la médaille, non seulement le réchauffement climatique qui fait fondre la glace, mais aussi le tourisme à outrance, celui avide d'aventures à l'abri d'un bateau de croisière où le luxe déborde tellement qu'il pourrait provoquer à lui seul le naufrage. Les incohérences de notre société de consommation sont mentionnées subtilement, par petites touches. Pas besoin d'un discours moralisateur pesant pour nous en faire prendre conscience. La documentation solide sur laquelle s'appuie l'auteure et le compte à rebours des pages suffisent.

Comme l'Australis, nous courons à notre perte mais sommes incapables de faire machine arrière.

Le plaisir éprouvé pendant cette lecture a été tel que je n'ai pas pu la chroniquer immédiatement. J'ai eu besoin de garder encore un peu pour moi les émotions sourdes qui tourbillonnaient dans ma poitrine. La joie, l'amour, la tristesse mais aussi la colère, cette même colère qui m'étreint au quotidien devant certaines situations... Le silence m'était nécessaire pour savourer un peu plus les mots, le message.

Nous sommes devenus notre propre bourreau et semons notre lot de victimes sur notre passage... Et notre cécité nous empêche de nous en rendre compte.


PS : Encore un livre qui parle des pingouins (j'ai d'ailleurs appris beaucoup de choses avec Deb, ils sont fascinants), je me demande si je ne devrais pas y voir un message subliminal. Finalement, les pingouins sont les animaux les plus représentés sur ce blog : ici et .