dimanche 23 juillet 2017

Ma vie (pas) si parfaite, Sophie Kinsella

À Londres et dans le Somerset, de nos jours.
Sorties culturelles, soirées animées, restos branchés, job de rêve dans une grande agence de pub, d'après ses comptes Facebook et Instagram, Katie, 26 ans, vit la vie géniale des it-girls de Londres.
En réalité, elle loue une fortune une chambre minuscule dans une coloc à presque deux heures du centre, vit sur un budget tellement serré qu'elle doit parfois choisir entre un repas et un " mokaccino " hors de prix et travaille pour une boss cauchemardesque. Et quand cette dernière décide de la virer sous un prétexte pour le moins léger, Katie n'a d'autre choix que de rentrer chez son père dans le Somerset.
Mais pas question de se laisser abattre. Londres ne veut pas d'elle ? Katie va trouver un moyen de faire venir Londres à elle et de faire de la ferme familiale l'endroit le plus hype de tout le Royaume-Uni. Tellement hype qu'il pourrait bien attirer les hipsters de la capitale et avec eux, de vieilles connaissances...

– Mon amour, c'est pour toi !
Qu'il est gentil Doux Chéri quand il m'appelle par mon petit nom...
– C'est ton banquier, Livre-vie, tu as fait quoi encore ?
Par contre, quand mon prénom arrive sur la table c'est qu'il n'est pas content. Téléphone à la main + mention de Monsieur-mon-banquier = des ennuis en perspectives.
Je lui fais signe de raccrocher tout en dessinant silencieusement sur mes lèvres la phrase « Je ne suis pas là ». L'avantage d'être un vieux couple, on se connait par cœur et on se comprend immédiatement.
– Oui, je vous la passe.
Au temps pour le vieux couple...
– Oui ?
J'ai pris ma plus belle voix, celle pour parler à Monsieur-mon-banquier, il faut amadouer l'animal.
– Vous avez encore trop dépensé ce mois-ci, des livres, encore des livres, et des sacs. Deux sacs ! Sans parler du nouveau téléphone ! Pour ce dernier, je peux comprendre, le vôtre était tellement ancien que je n'arrivais pas à vous joindre, mais deux sacs ! Un seul ne suffisait pas ? Il se passe quoi dans votre vie pour que vous ayez à compenser comme ça ! Vous avez une vie parfaite !

Voilà mon banquier qui se prend pour un psy. C'est vrai que s'il a des clientes du style de Katie dans Ma vie (pas) si parfaite de Sophie Kinsella, je comprends que ce soit usant.

Katie ne vit que dans le monde des apparences, Instagram et Facebook sont ses meilleurs amis grâce auxquels elle s'invente une vie : meilleurs restaurants, magasins de shopping branchés, soirées d'enfer avec ses amies... Tout semble parfait. Sauf qu'en réalité, rien n'est vraiment parfait.

Elle travaille dans une agence de publicité et est préposée aux tâches ingrates. Sa chef est l'incarnation du diable en personne, de celles qui vous demandent de lui teindre les cheveux en urgence, qui couche avec le Beau Gosse de la boîte, qui a pourtant un mari aimant, des enfants adorables et une maison sublime.

Jusque-là, tout semble terriblement cliché. Mais ce n'est pas le cas. Et c'est d'ailleurs ce que j'ai aimé de ce roman : on prend des bases connues et archiconnues de la Chick Lit et on s'en écarte, pour élaborer un récit qui parlera à beaucoup de personnes. Dénonciation des apparences, des réseaux sociaux, de la pression au travail, de celle qu'on se met soit-même, du manque d'attention que l'on porte aux autres, de l'égoïsme, de la carrière... Le panel est large.

Pour avoir lu énormément de romans de Chick Lit fut une époque, j'ai été un peu déstabilisée au début, j'ai même pensé que ce roman n'était pas le meilleur de Sophie Kinsella. Mais en fait, je pense qu'il est surtout plus grave que les précédents. Derrière la touche d'humour, le portrait de la société qui est dressé est amer. Parce que finalement, Katie, ça pourrait être nous. Comparer donc ce roman avec les autres est injuste, il faut oublier les Accros du Shopping pour le prendre lui, individuellement. Si on fait ça, il vaut vraiment le détour.

– Livre-vie, vous pourriez répondre à ma question!
Hein ? Monsieur-mon-banquier m'a posé une question ?
– Quand êtes-vous libre cette semaine? Il faut qu'on étudie vos comptes.
Euh...
– Je suis... grrrr.... désolée... grrr … Je ne vous entends... grrr... pas bien... On va rentrer …grrr... dans un tunnel... grrrr... Ça ne … grrrr... capte plus.... grrrr
– Un tunnel ? Mais j'appelle sur votre ligne fixe !
Clic !
Oups, ça a coupé...


lundi 17 juillet 2017

Les heures souterraines, Delphine de Vigan

Chaque jour, Mathilde prend la ligne 9, puis la ligne 1, puis le RER D jusqu’au Vert-de-Maisons. Chaque jour, elle effectue les mêmes gestes, emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte dans les mêmes trains. Chaque jour, elle pointe, à la même heure, dans une entreprise où on ne l’attend plus. Car depuis quelques mois, sans que rien n’ait été dit, sans raison objective, Mathilde n’a plus rien à faire. Alors, elle laisse couler les heures. Ces heures dont elle ne parle pas, qu’elle cache à ses amis, à sa famille, ces heures dont elle a honte.

Thibault travaille pour les Urgences Médicales de Paris. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est coincé dans un embouteillage, attend derrière un camion, cherche une place. Ici ou là, chaque jour, des gens l’attendent qui parfois ne verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les petites maladies et les grands désastres, la vitesse de la ville et l’immense solitude qu’elle abrite.

Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour d’eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s’arrête. Autour d’eux s’agite un monde privé de douceur.

Depuis quelques semaines, je ressemble encore et toujours à ça :


Je cours, je cours, je cours...

Comme je suis une femme multifonction, je lis tout en courant (pas pratique je dois l'avouer, mais je maîtrise. Il suffit juste d'éviter les lampadaires, les poubelles et les vaches. Je vis à la campagne je vous rappelle!). 

Je lis quand même beaucoup, et je n'ai évidemment pas le temps de tout chroniquer. Tant pis.

Certains romans m'ont, malgré tout, interpellée, ne serait-ce qu'à cause de leur thématique. Les heures souterraines est l'un d'entre eux.

Mathilde et Thibault ne se connaissent pas, ce ne sont que deux silhouettes dans la frénésie parisienne, deux ombres de plus qui suivent le rythme que leur impose la vie.

Dans ces heures qui défilent à la vitesse de la lumière, on peut parfois se perdre. C'est ce qui arrive à Mathilde et Thibault. Les raisons sont différentes, mais le résultat est le même. Désarroi, absence de repères, violence morale... Tel est leur fardeau, un fardeau malheureusement bien trop ordinaire.

C'est un livre fort que nous livre Delphine de Vigan, fort mais aussi poignant et cruel. Mathilde et Thibault sont deux facettes de ce que nous sommes, travail et amour, et tous les deux sont victimes d'une violence qui pourrait tous nous frapper. Difficile de passer à côté de ces mots toujours justes, difficile de faire comme s'ils ne nous concernaient pas. Ce roman m'a autant dérangée que fascinée, il est un miroir de la vie qui peut nous frapper. Mathilde m'a bouleversée, bien plus que Thibaut d'ailleurs. Sa descente aux enfers est terrifiante, on assiste, impuissants, à sa chute inéluctable. Je l'ai aimée dans sa détresse, mais aussi dans sa force, même si je dois reconnaître que, parfois, j'aurais voulu faire une pause. J'en ai été incapable. J'ai été happée par la noirceur du récit, par ses heures souterraines qui absorbent. Et la fin... Elle est surprenante. Pas totalement noire. Pas vraiment belle. Surprenante. Avec une once d'espoir finalement.

PS : Vous savez quoi...

mardi 4 juillet 2017

Le contrat, tome 3, Tara Jones

Barbie et Lancaster s'apprêtent à couler des jours heureux maintenant qu'ils sont mariés mais le chemin, pour eux, sera encore long. Surtout quand Barbie va découvrir qu'il y a encore des secrets entre Lancaster et elle. Des secrets terriblement douloureux pour elle. Barbie est amoureuse mais elle manque encore terriblement de confiance en elle et dans les autres. Et ses doutes lui ont fait faire déjà de graves erreurs. Le couple vit maintenant à New York et le danger rôde autour d'eux.

A ma grande surprise, j'avais beaucoup aimé les tomes 1 et 2 du Contrat. J'avais quelques a priori, qui s'étaient rapidement envolés face au rythme des aventures de Barbie et Geoffrey. Comme toute bonne auteure qui aime torturer ses lecteurs, Tara Jones avait achevé le tome 2 sur un « Arggggg »... Oui, oui, vous avez bien lu, un « Arggggg »... Le « Arggggg » est assez terrible de façon générale, mais encore plus pour moi car il signifie que mes ongles vont trépasser.

C'est donc très logiquement que je voulais lire le tome 3 de cette série, pour vérifier si ce « Arggggg » en était un vrai et si mes ongles n'avaient pas souffert pour rien.

Une chose est sûre, l'auteure n'a pas épargné notre couple. Barbie et Geoffrey vont être mis à mal et vont devoir affronter non seulement leur passé (Assumer ou ne pas assumer ? Que faire de ce contrat ? Quid des sentiments ? Réels ou pas ? Et le futur, est-il possible ?), mais aussi un présent parfois cruel. L'on retrouve d'ailleurs ce qui a fait la réussite des tomes 1 et 2 : un rythme effréné qui ne laisse pas de répit. Et un Geoffrey toujours aussi... Euh... Sexy ? Craquant ? Attachant ? Moi, je l'aime bien Geoffrey, je dois le reconnaître, et parfois, il m'a fait de la peine. J'ai eu d'ailleurs envie de mettre quelques claques à Barbie qui m'a exaspérée, mais Geoffrey... Pas de claques, non, non... Je l'aurais bien consolé. C'est un digne descendant/ hériter du Geoffrey d'"Angélique, Marquise des anges".

Bon, pour ne pas changer, je m'égare. Pour résumer : lecture sympa qui clôt cette série, rythme rapide, un peu trop parfois, mais l'ensemble est agréable et je ne regrette pas de m'être laissée tentée !