Cela fait cinq ans que Hayley Kincain vit en
nomade, ne pouvant poser nulle part son bagage très longtemps, parce que son
père, Andy, fuit les démons qui l'assaillent depuis qu'il est revenu de la
guerre d'Irak. Les voilà de retour dans la ville natale de ce père
torturé, qui souhaite tout de même que sa fille puisse reprendre une vie
scolaire normale.
Et voici que s'offre à Hayley les plus intoxicants
des espoirs : vivre comme les autres adolescents de son âge, mettre enfin
derrière elle ses propres souvenirs douloureux et, pourquoi pas, laisser une
chance à son histoire avec Finn, le garçon canon qui lui tourne autour et
semble partager avec elle le fardeau des secrets de famille.
Ce fragile équilibre va reposer sur la capacité du
père à guérir de son syndrome post-traumatique. Mais les monstres tapis dans la
mémoire d'Andy sont assez puissants pour l'entraîner en enfer au moindre faux
pas. Entraînera-t-il sa fille dans sa chute ? Quelle place doit-elle tenir dans
ce combat ?
Laurie Halse Anderson est une auteure
que j’aime beaucoup. « Je suis une fille de l’hiver » et « Vousparler de ça » m’avaient d’ailleurs tellement bouleversée que j’ai attendu
avant de me plonger dans celui-ci. Petit cœur fragile vous comprenez... Et mes
yeux bouffis le lendemain au réveil parce que 1/ j’ai lu jusqu’à pas d’heure,
2/ j’ai pleuré, ont tendance à inquiéter Doux Chéri. Il faut que je le préserve
un peu !
Ça n’a pas manqué, lecture jusqu’à pas
d’heure, larmes et un regard perplexe de Doux Chéri. Eh oui, voilà le pouvoir
de la littérature, celui de vous briser le cœur pour le recoller ensuite.
Hayley et Andy, son papa, sont des voyageurs.
Au volant d’un camion, ils sillonnent les Etats-Unis, jusqu’au jour où Andy
décide qu’il est temps de poser leurs valises et de scolariser enfin Hayley.
Premier jour, adaptation à un nouvel environnement, rencontres sont au
programme pour la jeune fille, et ce n’est pas si simple... Elle n’a jamais eu
une vie normale, elle ne connait pas les codes des adolescents de son âge. Mais
contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’enfer personnel de Hayley n’est
pas le lycée. Non, ce n’est qu’une étape de plus, une poussière sur son épaule.
Son enfer personnel, c’est son père.
Andy est un ancien soldat, qui a vu et
vécu bon nombre d’atrocités, et qui a dû rentrer parce que sa femme, la mère d’Hayley
venait de décéder. Malheureusement, il porte en lui les séquelles, les
traumatismes de son passé, et sa vie ne peut pas être celle de Monsieur-tout-le-monde. Par effet domino, celle d’Hayley non plus. Elle doit composer avec le
tempérament variable de son père, son instabilité, elle doit être adulte avant
l’âge et gérer celui qu’elle aime plus que tout au monde. Parce que c’est cela
ce roman, une histoire d’amour, celui d’une fille envers son père et d’un père envers
sa fille. C’est l’histoire d’une équipe, branlante parfois, mais d’une équipe
quand même.
Comme d’habitude avec l’auteure, je me
suis prise une claque immense en lisant ce récit. Le pouvoir de la plume de
Laurie Halse Anderson est assez incroyable. Elle explore la psyché de ses
personnages sans voyeurisme ou dramatisme exagéré. La simplicité de ces mots
fait éclater les émotions. Le monde est cruel, la réalité crue. Mais on peut
malgré tout vivre, même si l’équilibre est précaire. Les personnages sont très
attachants, Hayley m’a fait sourire, Andy m’a émue, et Finn est un personnage
très juste, lui aussi criant de vérité.
Un bijou, ce roman est un bijou...