mercredi 28 janvier 2015

Les enfants de la liberté, Marc Levy

Jeannot, Tu leur diras de raconter notre histoire, dans leur monde libre. Que nous nous sommes battus pour eux. Tu leur apprendras que rien ne compte plus sur cette terre que cette putain de liberté capable de se soumettre au plus offrant. Tu leur diras aussi que cette grande salope aime l'amour des hommes, et que toujours elle échappera à ceux qui veulent l'emprisonner, qu'elle ira toujours donner la victoire à celui qui la respecte sans jamais espérer la garder dans son lit. Dis-leur Jeannot, dis-leur de raconter tout cela de ma part, avec leurs mots à eux, ceux de leur époque. Les miens ne sont faits que des accents de mon pays, du sang que j'ai dans la bouche et sur les mains.

Si on m'avait dit qu'un jour je ferais un post sur Marc Levy...

Je reconnais des qualités à Marc Levy, ma mère l'adorait. Ses romans la faisaient voyager. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles je les ai presque tous dans ma bibliothèque. Une de mes meilleures amies en est également fan, mais moi... Je trouve que souvent, ce n'est pas assez abouti. Cela me laisse un goût d'inachevé dans la bouche. Les fondations sont bonnes, la plume agréable, mais il manque ce petit quelque chose qui fait que je n'arrive pas à oublier ce qui m'entoure quand je le lis. Ses romans ne m'habitent pas, ils glissent sur moi comme l'eau sur une toiture.

Mais ça, c'était avant de lire Les enfants de la Liberté

Si on m'avait tendu le livre en dissimulant l'identité de l'auteur et en me disant simplement « Lis », je n'aurais jamais deviné qu'il s'agissait de Marc Levy.

Le sujet m'intéresse beaucoup, c'est un fait. Les origines de mon père, ce lourd secret familial qu'il emporta dans sa tombe y sont pour beaucoup. J'ai envie de comprendre, de comprendre mon père et ses fêlures, de comprendre ce qui l'a forgé ainsi, ce qui a tanné ce cuir tellement épais et tellement difficile à transpercer. 

Mais ce n'est pas seulement cela. Je me souviens des histoires de Mémé, ma grand-mère maternelle, cette conteuse formidable, qui, assise sur un banc, l'été, à la lueur de la lune, me racontait des histoires de couvre-feu et de sorties en vélo interdites. Cette Histoire fait partie de mon histoire familiale, de mon patrimoine, de ce que je suis finalement. Les parents de ma grand-mère ont caché des résistants dans le toit de la grange, ma grand-mère paternelle a eu un enfant avec un allemand. C'est notre histoire.

J'ai donc fait fi de mes préjugés pour me lancer dans ce roman. Je ne le regrette pas. Le sujet est grave, traité avec une délicatesse bienvenue. M. Levy a offert à son père, Jeannot, le plus beau des cadeaux : il a raconté son histoire. Et sa plume, celle de l'écrivain qui ne savait pas m'embarquer, m'a capturée dans ses filets pour ne plus me lâcher. Véritable mer d'émotions, j'ai plongé dans cette époque qui a vu naître mon père, je me suis enfouie dans la mouvance de cette résistance du sud qui ne pouvait pas s'engager, mais le faisait quand même à sa manière. J'ai tremblé, j'ai pleuré, j'ai ri, j'ai vécu...

Et c'était pourtant du Marc Levy...

dimanche 25 janvier 2015

The Mortal Instruments, Tome 3, La cité de verre, Cassandra Clare

La lutte entre le bien et le mal se poursuit. Valentin rassemble son armée pour éradiquer la lignée des Chasseurs d'Ombres. Clary se rend dans la Cité de Verre afin de sauver sa mère et découvrir son passé. S'introduire dans la Cité sans l'autorisation de l'Enclave n'est pas sans danger... Au cours de sa quête, Clary rencontre Sébastien, un garçon énigmatique. Avec lui, elle comprend que le seul moyen d'arrêter la fureur de Valentin est de former une alliance entre Chasseurs d'Ombres et Créatures Obscures. Comment conclure une telle union ? Clary saura-t-elle maîtriser ses nouveaux pouvoirs à temps pour cet ultime affrontement ?

Avertissement: « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite »

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– Quelqu'un peut m'expliquer ce qu'on fait dans la baraque à frites d'un zoo de seconde zone ? grommelle Johanne, le nez rougi à cause du vent qui nous agresse à travers les fenêtres ouvertes du local.
– Ben, on commande des frites, rétorque Melliane, son menton ressortant à peine de l'écharpe vert pomme qu'elle porte pour l'occasion.

Je jette un coup d'oeil à la ronde, empêchant comme je le peux mes dents de s'entrechoquer.

– Et puis, ce n'est pas une baraques à frites, c'est un restaurant très convivial, dis-je en me tortillant sur ce banc trop dur, refusant de voir les vestiges de ce qui fut, jadis, une baraque à frite reluisante et qui donne maintenant plutôt l'impression d'être un mauvais manège à frissons d'un champ de foire.

Melliane me donne un coup de coude.

– J'en connais une qui a oublié son coussin !

Roanne éclate de rire, aussitôt accompagnée par MissPendergast.
Muée par une volonté propre, ma langue sort de ma bouche. Pas très mature comme réaction je le reconnais, mais c'est tout ce que j'ai en stock sur le moment. Le froid a congelé mes réflexes. Mon postérieur porte les séquelles de nos combats précédents.
Le Chat du Cheshire tape dans ses mains pour nous rappeler à l'ordre, à moins que ce ne soit pour se réchauffer.
Dans un seul et unique mouvement, nous nous raidissons. Le Chat, c'est le chef logistique de notre groupe. C'est elle qui nous a fait venir ici, pour le recrutement nous a-t-elle dit. Mais hormis une autruche qui a décrété, depuis son enclos, que nous offrions un spectacle digne d'intérêt, je n'ai rien vu de bien intéressant. Tous les animaux semblent être entrés en hibernation.

– L'heure est grave, assène-t-elle. Nous devons agir. Je n'ai pas envie que Les luminaires finissent sur la liste-noire-des-livres-interdits.

Nous secouons toutes la tête frénétiquement. Aucune d'entre nous n'a envie de livrer un ouvrage à cette maudite liste. Nous avons cédé, au début, par inexpérience. Nous ne savions pas. Mais ce temps-là est révolu. 

Même sous la torture je ne dirai pas combien j'ai aimé le tome 3 de The Mortal Instrument. Je tairai la nuée de papillons qui s'est agitée dans mon ventre tout au long de l'évolution de la relation entre Clary et Jace, ou ma gorge qui s'est serrée avec la montée en force de Valentin. Je passerai sous silence ce rythme qui caractérise toute la saga, sans jamais décroître, l'humour bien présent qui donne un soupçon de légèreté à l'ensemble, ces personnages si attachants-Simon le premier- et les thèmes bien d'actualité qu'elle aborde (comment bien grandir quand on est différent, comment s'assumer quel que soit notre âge, a-t-on droit aux secondes chances ?...) Oui, je tairai tout cela et supporterai stoïquement le courroux des Dieux-de-tous-les-trucs-de-la-terre-et-de-la-mer. Je supporterai les pires des tortures et mes lèvres seront scellées. Je ne participerai pas à cette macabre entreprise.

– Ça y est, elle divague, soupire Melliane.

Oups, j'ai dû parler à voix haute, ça m'arrive parfois. Enfin, souvent. Je lui tire une nouvelle fois la langue, et m'oblige à afficher un air concentré.

– Bon, récapitulons, on a besoin d'une armée pour attaquer le Donjon-des-Livres-Interdits. C'est notre nouvel objectif. On a Nini en Chef de commando, et le chat de MissPendergast en second.

Les livres-Addictes opinent toutes.

– Et j'ai un nouveau candidat.

Je sors mon téléphone portable.
– Sumi. Une technique imparable : le placage de ses adversaires au sol et l'immobilisation. Etouffement. Radical.

Le Chat fronce les sourcils, et je vois son cerveau qui s'agite. Elle réfléchit.

– Je vous ai déjà dit que je n'aime pas les autruches ? déclare soudain Melliane en frissonnant. Il y en a une qui n'arrête pas de nous fixer depuis tout à l'heure.

Nous nous retournons, l'autruche n'a pas bougé d'un iota, de temps en temps, son bec tressaille, mais rien de plus, pas même une plume.

– Bon, Le Chat a parlé d'un tigre, si on allait voir le tigre de ce zoo ? propose Johanne visiblement pressée de se lever.

Je ne peux qu'acquiescer, le regard de l'autruche me fait froid dans le dos. Il m'est familier, mais je ne compte pas d'autruches dans mon cercle proche. Des chats, des chiens, des chevaux, je connais aussi une chèvre... Mais non, pas d'autruche.

Des papiers gras et décolorés jonchent le sol des allées du zoo Nous les arpentons à la recherche du tigre. Les températures ont encore chuté. Melliane peste contre ses collants trop fins, et moi contre la disparition de mes gants.

– Là, il est là !

Le Chat fait des bonds de joie.

– Je savais qu'ils en avaient un. Et un blanc.

Effectivement, il y a un tigre blanc. Immobile. Etendu de tout son long. Avec des plaques de poils en moins. Et les os saillants. Mouais... Nini n'en ferait qu'une bouchée...

Le Chat arbore un grand sourire.

– Impressionnant non ?

Je suis sur le point de lui demander si elle veut que je lui prête mes lunettes, quand je sens Melliane qui me tapote sur l'épaule.

–  Euh, les filles, je crois qu'on est suivies.

Nous nous retournons toutes dans une unité qui me réchaufferait le cœur si je ne découvrais pas deux yeux perçants rivés sur nous. L'autruche se trouve à trois mètres de nous, et son bec semble plutôt pointu...

PS : J'avais dit que je m'arrêterais au tome 3 de cette saga, mais euh... comment dire... J'ai le 4 et le 5 dans ma PAL. Ils ont sauté tout seuls dans mon panier, je le promets (en croisant les doigts derrière mon dos.) Le premier qui dit que je suis faible, je lui envoie Sumi ! Oups, chuuut, l'autruche est là...

samedi 24 janvier 2015

Voyage de noces avec ma mère, Véronique Sels

Anne, fraîchement mariée à Raphaël, choisit la côte Ouest des États-Unis et une Ford Mustang rouge décapotable pour son voyage de noces. Joyeuses perspectives pour ce duo amoureux. Mais c’est sans compter sur sa mère, en plein divorce, qu’ils embarquent avec eux, n’ayant pas le coeur de la laisser seule avec son chagrin.

Décidément, la Masse critique de Babelio (Merci Pierre Krause!) est source de bien belles surprises. Un parfum d'herbe coupée avait été une de mes plus belles lectures de 2014 et Voyage de noces avec ma mère m'a fait passer un bien agréable moment.

Anne vient de convoler en justes noces avec Raphaël, et prépare leur voyage qui va les entraîner vers les Etats-Unis. Seul bémol, sa mère, fraîchement divorcée, dont le moral et les états d'âme n'ont d'égal que les montages du grand 8. Et les mots qu'Anne ne voudrait jamais avoir prononcés de franchir le seuil de ses lèvres : « Viens avec nous ». Un voyage de noces. Avec sa mère.

Le début de leur périple commence. De leur cauchemar aussi. Choc des cultures entre deux continents, la réalité américaine et ses multiples contradictions et conflits saute aux yeux de notre couple. Pas toujours simple finalement.

Les relations jeunes mariés, mère-fille, gendre-belle-mère sont passées au crible. De l'émouvant à l'insupportable, du burlesque au sarcastique.

Puis arrive Dan et son complet impeccable. Dan et sa profession improbable. Et le road trip s'accélère. Il faut sauver le soldat « maman ». Et si ?

C'est un roman qui m'a beaucoup surprise, je ne m'attendais absolument pas à cela, et j'ai souri, beaucoup souri devant la force des situations. Les réflexions d'Anne s'enchaînent au gré des évènements, son regard sur Numéro Quatre, sur Raphaël, sur sa mère, dans un ensemble succulent. Tellement succulent que je trouve que la fin est arrivée trop vite, l'histoire s'accélère et aurait mérité qu'on s'y attarde un peu plus. Parce que l'histoire avec Dan vaut quand même son pesant de cacahuètes. Quelques pages en plus n'auraient pas été de refus, ce qui est plutôt bon signe.

Et de tout cela, j'en tire une leçon : « Ne jamais partir en voyage de noces avec sa mère ». C'est une très mauvaise idée...

mercredi 21 janvier 2015

Fight For Love, tome 2 « Mine », Katy Evans

Dans « REAL », tome 1 de la série Fight for Love, le si sexy bad boy de la ligue underground de boxe, Remington Tate rencontre enfin son âme sœur. Engagé pour s'occuper de sa condition physique, Brooke Dumas provoque en lui un désir intense et elle devient pour " Remy " aussi nécessaire que l'air qu'il respire. Il ne peut plus vivre sans elle. Brooke n'avait jamais imaginé qu'elle ferait sa vie avec l'homme dont toutes les femmes rêvent. Malheureusement tous les rêves ne deviennent pas réalité et au moment où ils ont le plus besoin l'un de l'autre, Brooke doit s'éloigner du ring et donc de Remy. Entre eux la distance et la noirceur s'installent et la seule chose que Brooke puisse faire est de se battre pour l'amour de cet homme qu'elle surnomme " LE MIEN ".

Le tome 1 avait été une très bonne surprise pour moi. Je m'attendais à crouler sous les clichés -le bad boy et la jeune ingénue- et me suis retrouvée face à une histoire attachante et finalement plus complexe que je ne le croyais, tellement attachante que je me devais de lire le 2 pour connaître la suite des aventures de Brooke et de Remington.

Je vous l'annonce tout de suite, je suis toujours aussi séduite par le couple de Remy et de Brooke, même si Brooke aurait bien mérité quelques claques parfois. Hormis cela, et je vous assure que ce n'est qu'un détail, je suis conquise.

Le personnage de Remy et sa bipolarité sont les piliers de ce roman. La complexité de ce trouble, le Remy Bleu et le Remy Noir, cette personnalité multi-facettes qui aime et souffre avec la même intensité, porte littéralement ce tome 2. Ahh, Remy, cet homme qui fait se retourner toutes les femmes sur son passage alors qu'il ne vit que pour Brooke (et celle-ci a des doutes malgré tout sur les sentiments qu'il éprouve pour elle : des claques je vous dis!) Remy, qui cherche son équilibre en se noyant dans le sport et dans l'amour qu'il a pour Brooke. Cet homme si solide et si fragile à la fois.

Ce roman vibre d'intensité, aucun temps mort, un kaléidoscope d'émotions. Je me suis même laissée prendre au jeu et j'ai fauté (le premier qui dit « Encore ?! » a un gage!). Je voulais le lire en plusieurs soirées, par petites touches. Vous savez, les « Je suis fatiguée, il me faut un livre tranquille » (on peut toujours rêver...), ou encore les « Sois raisonnable, c'est un bon exercice, une petite trentaine de pages tous les soirs »... (oui, oui, je crois aux Bisounours, que voulez-vous...) Eh bien non, en une soirée il était fini. Mais chuuttt, il ne faut pas le dire trop fort, je vais me faire gronder par les Dieux-de-tous -les-trucs-de-la-mer-et-de-la-terre. 

Ce qui va me sauver, et c'est la raison pour laquelle je n'en ai pas fait une Chronique-de-la-liste-noire-des-livres-interdits, c'est que Brooke mérite vraiment des claques. Alors Les Dieux-de-tous-les-machins-de-la-mer-et-de-la-terre seront peut-être indulgents... Peut-être...

Mille mercis à Marie Decrême et aux éditions Hugo Roman pour cette lecture

lundi 19 janvier 2015

Un oiseau blanc dans le blizzard, Laura Kasischke

Garden Heights, dans l’Ohio. Une banlieue résidentielle qui respire l’harmonie. Eve nettoie sa maison, entretient son jardin, prépare les repas pour son mari et pour Kat, sa fille. Depuis vingt ans, Eve s’ennuie. Un matin d’hiver, elle part pour toujours. Kat ne ressent ni désespoir, ni étonnement. La police recherche Eve. En vain. La vie continue et les nuits de Kat se peuplent de cauchemars.
L'hiver est froid, le blizzard épais, surtout quand il noie ce quotidien que l'on ne savoure plus. La maison est vide, glacée, on apprend à vivre, avec elle, sans elle, parce qu'elle est partie. La mère de la narratrice, Kat, est partie. Sans rien de plus.

Esprit d'hiver m'avait fascinée. De cette fascination un peu étrange qui vous pousse à tourner les pages alors que l'ambiance vous gèle le sang.

Il en a été de même pour Un oiseau blanc dans le blizzard. L'envie de savoir. L'envie de sortir de ce huis-clos dérangeant. Alors, j'ai tourné les pages. Une, puis une autre, et encore une autre. J'ai découvert Kat, et ses kilos en trop qui fondent comme neige au soleil, son petit ami peu bavard, son père si gentil. J'ai découvert Kat et ses réflexions, son introspection : Pourquoi est-elle partie ? Qui suis-je ? Que vais-je faire de ma vie ? Qu'a-t-elle fait de moi ?

Et les années qui passent qui la ramène inéluctablement vers cette maison familiale. Ses cauchemars qui peuplent ses nuits. C'est le roman de l'absence, de l'identité, de comment on se construit pour et par les autres, de la culpabilité.

J'ai vécu ce huis-clos oppressant, Laura Kasischke est décidément un génie des ambiances. J'ai écouté les confessions de Kat, ses interrogations, ce portrait qu'elle dresse des gens qui l'entoure.

J'ai tourné la dernière page, presque soulagée. Parce que ce livre est aussi froid qu'un congélateur. Mais je l'ai aimé.

samedi 17 janvier 2015

Half-blood, Jennifer L. Armentrout.

(Résumé personnel) Serais-tu capable de tuer ceux que tu aimes ?
Les Hematois sont issus de l'union entre dieux et mortels; et les enfants de deux Hematois de sang pur ont des pouvoirs divins. En revanche, les enfants d'un Hematoi et d'un mortel, non. Les métisses ont seulement deux options : s'entraîner pour devenir des sentinelles qui chassent et tuent les Daimons, ou servir dans les maisons des purs. Alexandria préfère risquer sa vie en luttant plutôt que de nettoyer les toilettes.
Il y a des règles très strictes que les étudiants du Covenant doivent suivre. Alex a un problème avec toutes, mais surtout avec la règle n°1 :
« Les relations entre purs et métisses sont interdites ».
Malheureusement, Alex est attirée par Aiden, un sang pur. Mais tomber amoureuse d'Aiden n'est pas son plus grand problème, rester en vie jusqu'à la remise des diplômes et devenir une sentinelle, en est un. Un futur pire que la mort ou l'esclavage lui pend au nez : devenir un Daimon. Dans ce cas, Aiden devrait la  prendre en chasse. Et la tuer.
Tout cela n'augure rien de bon...

Avertissement: « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite »

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– Mesdemoiselles, ça ne va pas du tout, mais alors pas du tout, tonne la Cerbère-Rousse.
Nous sommes assises en tailleur, en cercle autour d'elle. Le froid du sol traverse le tissu pourtant épais de mon jean. Je ne pense jamais à prendre ce fichu coussin. Johanne s'est assise sur ses mains, elle ne va pas tenir longtemps comme cela. Pour nous punir, la sbire des Dieux-de-tous-les-trucs-de-la-mer-et-de-la-terre a décrété qu'aujourd'hui, nous n'aurions pas droit aux chaises. Il nous faut faire pénitence. Je plains Melliane qui a enfilé une jupe.
– Je vous rappelle que vous avez un problème, un énorme problème, et nous ne progressons pas. Pas du tout.
Un sourire angélique s'affiche sur nos visages. Nous buvons ses paroles, du moins en apparence.
Je fais discrètement passer un bout de papier au Chat du Cheshire.
« MissPendergast peut nous fournir un nouvel atout, elle a un chat comme Nini. »
Le Chat, c'est le service logistique de la bande. Elle est chargée du recrutement de nos troupes. Un expert pour découvrir quel talent caché se cache derrière nos recrues.
Melliane me donne un coup de coude. Elle m'aurait presque fait mal ! Je n'en tiens pas compte. Le Chat arque un sourcil interrogateur, je dessine un C.H.A.T sur mes lèvres. Melliane me donne un nouveau coup de coude. Ouille! Je me passe la main sur la zone endolorie, mais maintiens le cap de ma mission. Le Chat me répond par un : T.I.G.R.E ? . Je lui fais signe que non. Elle pousse un long soupire de déception.
Raclement de gorge. Une ombre se projette sur mon visage, et un courant glacé me dévale l'échine. Je lève la tête. La Cerbère-Rousse se tient devant moi, les mains sur les hanches. Sa chevelure flamboie dans un halo autour d'elle. C'était peut-être ça que voulait me dire Melliane...
– Voilà, la démonstration de ce que je disais.
Son ton est plus coupant que la lame d'un couteau. Je crois que je préfère quand elle hurle. Je lui souris faiblement et rentre la tête dans mes épaules adoptant un air désolé. Melliane soupire à côté de moi.
– Je le savais... chuchote-t-elle.
J'ai envie de la fusiller du regard, mais je continue de sourire. Toujours garder un œil sur l'adversaire. C'est ce que l'on enseigne dans les manuels de kung fu que j'ai consultés. J'ai l'étrange sensation que le froid qui me glace le séant est en train de figer mon sourire, mais je n'ai pas le temps de m’appesantir sur le sujet, notre Joyeuse-Animatrice-pas-si-joyeuse-que-ça reprend :
– Très bien, nous allons commencer par vous, Livre-vie, nous vous écoutons.
Bon, on y est, c'est le moment que l'on redoute toutes.
– Bonsoir, je m'appelle livre-vie, et je suis livres-addicte.
La Cerbère-Rousse fait un geste d'exapération.
– Droit au but, livre-vie, ça, nous le savons déjà, sinon vous ne seriez pas là.
Je sais ce qu'elle veut. Elle veut que je lui parle de Half-Blood de Jennifer L. Armentrout, que j'avoue avoir lu le tome 1 d'une seule traite, malgré la fatigue, que je confesse le pouvoir de cette histoire qui m'a hantée même pendant ma journée de travail, mon désir de retrouver Alex et Aiden le soir, ainsi que leur amour interdit. Elle attend que je lui dise que j'ai adoré le personnage de Seth, même si je sens qu'il y a mammouth sous gravillon avec lui, et que l'auteure a parfaitement su créer un univers totalement différent de ce qu'on lit habituellement dans le genre, en se réappropriant la mythologie grecque. Elle veut, enfin, que je confesse être encore plus accro à cette saga qu'à Lux, ce qui n'est pas peu dire. Voilà ce qu'elle souhaiterait entendre.
Nouveau coup de coude. Il va falloir que j'explique à Melliane que j'ai de l'arthrose dans le coude, et que ça fait vraiment mal...
Je sens le regard de Mme Pas-Commode sur moi, Le Chat, Melliane, Roanne, Johanne et Miss Perdengast me regardent d'un air compatissant. Elles savent que ça va être leur tour ensuite, mais je lis tout leur soutien dans les yeux. Nous sommes une équipe. 
– Oh, euh... rien d'exceptionnel cette semaine.
– Vous êtes sûre ? Vous savez qu'on ne doit pas mentir aux Dieux ! Ils savent quand vous mentez... Ils savent tout...
– Oui, oui, rien d'exceptionnel.
Je m'arme de courage et je poursuis.
– D'ailleurs, ça fait longtemps que je n'ai rien lu de génial. Je suis tellement fatiguée, que pouff, je tombe comme une masse le soir. Comme vous les filles non ?
D'un seul mouvement, elles acquiescent, un grand sourire Colgate sur les lèvres à l'attention de la Cerbère. Je m'empresse de les accompagner.
– C'est l'hiver, ça doit être pour ça. On se transforme en marmottes.
Mon humour ne la fait pas rire du tout. Elle nous foudroie du regard.
– Le Chat ?
Le Chat hausse les épaules.
– Moi ? Rien non plus... Je travaille beaucoup aussi. Et puis, je crois que je fais une overdose de livres. J'en vois toute la journée, vous comprenez.
– Melliane ?
– Oh moi, vous savez, j'ai fait les soldes, alors je n'ai pas eu le temps de lire.
Je pourrais presque voir son nez s'allonger.
– Johanne ?
Johanne répond d'un petit signe de la main qui veut dire « Tout pareil ». C'est vrai, ce n'est pas comme si son blog ne venait pas de fêter ses deux ans.
– Roanne ?
C'est notre fête à toutes ce soir...
Roanne s'enfonce dans l'étole qu'elle a cousue elle-même.
– Je ne lis plus, je suis passée à la couture.
MissPendergast semble absorbée par un fil qui dépasse de la fermeture éclair de sa veste. Je vois les rouages de son cerveau qui hurlent "pas moi, pas moi..."
La Cerbère pince les lèvres, et grommelle un « Ça ne va pas du tout ça, mais pas du tout, ils ne vont pas être contents... ». Elle s'éloigne de quelques pas, et nous tourne le dos. Je l'entends marmonner.
– On a un problème, je n'arrive pas à les faire parler.
Toujours assise en tailleur, j'étends les jambes devant moi sans les décroiser, pose les talons sur le sol et dans un mouvement plein de grâce, fais glisser mon postérieur vers l'avant afin de me rapprocher un peu d'elle. Je tends l'oreille.
– La torture ? J'y ai pensé... Mais ça va leur laisser des marques...
Je ne sais pas si dire que je suis soulagée ou non... D'un mouvement du bassin, Je me rapproche encore un peu.
– Leur faire lire un livre de cuisine ? J'y ai pensé aussi, mais même le Livre-vie serait capable d'aimer ça. Et avoir des livres de cuisine dans le Donjon des livres-interdits...
Hein, attendez-voir ! On rembobine. Le Donjon des Livres-interdits?
Je me retourne pour regarder les filles. On a un indice !
– Je peux faire quelque chose pour vous Livre-vie ?
Euh, j'ai oublié de m'arrêter... Mon corps a pris son indépendance et a continué d'avancer, et je viens de percuter la Cerbère.... Merdum...


PS : Non, non, je ne lis toujours pas en anglais ! (Je te vois venir Melliane!) Livre lu en espagnol !


dimanche 11 janvier 2015

L'échappée belle, Anna Gavalda

Simon, Garance et Lola, trois frère et soeurs devenus grands (vieux?), s'enfuient d'un mariage de famille qui s'annonce particulièrement éprouvant pour aller rejoindre Vincent, le petit dernier, devenu guide saisonnier d'un château perdu au fin fond de la campagne tourangelle. Oubliant pour quelques heures marmaille, conjoint, divorce, soucis et mondanités, ils vont s'offrir une dernière vraie belle journée d'enfance volée à leur vie d'adultes. 

Anna Gavalda a le don de faire de petits riens, de grandes choses. Ce qui pour les uns, est normal, acquis, pour elle est prétexte à s'y arrêter, une source de joie inestimable.

Dans l'escapade de Simon, Vincent, Garance et Lola, frères et sœurs, elle remonte vers les origines de la famille, vers ce qui nous lie à travers nos différences et ce, malgré la vie que l'on se forge et qui nous entoure.

L'on retrouve, comme dans tous les romans d'Anna Gavalda que j'ai pu lire, une plume légère, qui essaye de croquer le monde tel qu'il est, et des sentiments, beaucoup de bons sentiments... Deux heures d'immersion dans un panel d'émotions fraternelles, amicales où on accepte l'autre tel qui l'est, on rit de sa différence, de la sienne, de la nôtre... Deux heures pendant lesquelles on plonge dans le meilleur de l'être humain, dans un retour en arrière vers une enfance qu'on a tous perdue.

Deux heures de bonheur en pages !

lundi 5 janvier 2015

The Mortal Instruments, tome 2, La cité des cendres, Cassandra Clare

Le Monde Obscur est en émoi depuis le meurtre mystérieux d'un loup-garou survenu devant le Hunter's Moon, l'un des repaires de lycanthropes les plus fréquentés de New York. Du côté des Chasseurs d'Ombres, l'Inquisitrice, une femme insensible et austère, est dépêchée par l'Enclave pour s'emparer de l'Institut : Valentin est de retour et une guerre sanglante se prépare. Pris dans la tourmente des événements, écartelés entre cœur et raison, Clary et Jace se lancent à corps perdu dans un combat entre les forces du Bien et du Mal, qui les mènera des souterrains de la Cité Silencieuse aux eaux sombres de l'East River..

Avertissement: « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite »

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♪♫ « Comme les Rois mages, En Galilée suivaient des yeux l'étoile du berger... » ♪♫
– Arrête de chanter, grogne Melliane en enfonçant tellement la tête dans son écharpe rayée que seuls ses yeux semblent être capables de faire face au froid environnant..
Les températures ont chuté ce soir. L'hiver a posé ses valises. Une mince couche de gel commence à recouvrir le plastique de la poubelle qui nous tient compagnie. Pour plus de discrétion, nous avons choisi comme lieu de rendez-vous un abri de bus dans un quartier désert. Niveau discrétion, l'idée était bonne. Niveau confort... C'est une autre histoire... Je regrette de ne pas avoir apporté un coussin. Et mon plaid en patch. Pour me tenir chaud.
– Mais pourquoi ?
Je lui jette un regard innocent.
– Tu veux vraiment savoir pourquoi ? me demande le Chat du Cheshire en frottant ses mains l'une contre l'autre.
– Euhh... Mais mon chien adore quand je chante !
– On se demande pourquoi... C'est pour ça que je préfère les chats, ils ont un goût plus sûr, rétorque Le Chat.
– J'aimerais bien éviter la tempête qu'on a eu à Noël, tu te rappelles ? insiste Melliane.
Je chantonne encore un peu, j'ai l'âme d'une artiste ce soir. 
♪♫ « Comme les Rois mages, En Galilée suivaient des yeux l'étoile du berger, ta ta ta ta.. ».♪♫
– Et en plus, elle ne connait pas les paroles, maugrée Roanne en levant les yeux au ciel et en faisant passer le poids de son corps d'un pied sur l'autre. Autour de son cou est enroulée une étole coordonnée à son sac. Fabrication maison. Elle a des doigts de fée, Roanne.
– Mais, c'est juste pour vous mettre dans l'ambiance ! Les filles ! On va parler aux Rois Mages ! Elle est là, la solution à tous nos problèmes!
Long silence. Mon enthousiasme n'est pas communicatif.
– Que veux-tu que je te dise, je ne suis pas convaincue, mais pas convaincue du tout, finit par avouer Roanne.
– Eh oh, je vous rappelle que c'est moi le cerveau du groupe ! J'ai toujours des idées géniales !
– Le cerveau qui est parti en Laponie sans raquettes pour marcher dans la neige et affronter le Père Noël, se moque gentiment Melliane.
– Elles ne tenaient pas dans mes valises.
Je plonge le nez dans le col de mon manteau. J'aurais dû prendre une écharpe. Et des gants. Je suis vraiment étourdie parfois, je crois que je les ai laissés sur la table du salon, ou dans le panier du chien. Je ne me souviens plus vraiment.
Il est vrai que notre expédition en Laponie a été la Bérézina. On est tombées nez à nez avec des rennes qui nous ont poursuivies, toutes dents dehors. Melliane a été plus rapide que le vent avec ses grandes foulées et ses raquettes. Mon style a moi était plus... sommaire.... J'ai beaucoup goûté la neige. Elle était froide. J'ai même cru que j'allais perdre mon nez. Et mon pantalon de ski n'a pas été suffisamment épais pour me protéger des crocs de ces charmantes bêtes. Non, pas un franc succès.
– Bon, les filles. Moi je vous dis que c'est peut-être une piste. C'est bientôt le 6 janvier, les Rois Mages débarquent. Il faut qu'on les intercepte ! Ils pourraient peut-être emporter le tome 2 de The Mortal Instruments pour le cacher... Parce que, ce tome 2, il est quand même vachement bien ! Le rythme ne faiblit pas, bien au contraire. La psyché des personnages est bien développée, les dialogues sont géniaux, il y a beaucoup d'humour. Et l'univers est riche, bien pensé... Je suis fan.. et c'est votre faute, ajouté-je en lançant un regard assassin à Roanne et Le Chat.
– Pour une fois, ça n'a rien à voir avec moi ! Je suis aussi innocente que l'agneau qui vient de naître ! déclare Melliane en levant les deux mains devant elle.
– Tu veux que l'on parle de ce fameux carton de bouquins ?
Un sourire éclatant apparaît sur son visage, et Le Chat et Roanne n'ont pas l'air navré du tout. Je les comprends. The Mortal Instrument est addictif. Les pages défilent, défilent, défilent... Et paf... On est à la dernière. Et les dernières pages... Oh... (long soupir)
– Bon, on fait quoi ? Roanne, tu te renseignes pour l'itinéraire des Rois Mages ? Et on se donne rendez-vous pour mettre au point la stratégie ? Le Chat, tu as évoqué la possibilité de monter un commando de chats experts en Krav-Maga, ça en est où ?
– J'y travaille, mais il me manque le leader, la tête d'affiche.
– J'ai !
Mes doigts répondent à peine, mais je réussis à extirper mon téléphone de la poche arrière de mon jean pour leur montrer une photo.

– Notre arme secrète. Nini. Des dents et des griffes acérées. Dégaine ses pattes plus vite que son ombre, et pratique les arts martiaux, expliqué-je.
– Mais elle est toute petite ! remarque Le Chat.
– 3 kilos de nerfs... Notre arme secrète je vous dis. Je manque de perdre un œil à chaque fois que je lui donne ses médocs...
Un vent de perplexité danse autour de nous, mais ce n'est pas grave. J'ai confiance en Nini...
– Au moins, les Rois Mages, ils n'ont pas de rennes, reprend Melliane, l'optimisme transpirant dans sa voix.
– Non, mais ils ont des chameaux ! assène Roanne.
Ah oui, vu comme ça... Mais nous, on a notre arme secrète. Ça va chauffer!


NB : Je manque vraiment de perdre un œil tous les jours quand je donne ses médicaments à Nini. Et pour ceux qui doutent du pouvoir des chats Ninjas :